
Yves Tanguy reste un peintre méconnu. Toutefois, il a marqué par son style, la relative homogénéité de son oeuvre et l'évolution remarquable de son travail. Plusieurs artistes ont certainement été influencés par cette singularité, parfois ouvertement, parfois de manière ponctuelle. Il en est ainsi de peintres comme de sculpteurs.
Ainsi pour Patrick Waldberg dans "Le SURREALISME" (Genève 1962), " il y aurait beaucoup à dire sur le rôle déterminant qu'exercèrent sur la nouvelle peinture américaine, des artistes tels que Max Ernst, André Masson, Yves Tanguy..."
José Pierre confirme cette influence en allant encore plus loin dans le livre de Michel Rémy sur Desmond Morris: "Entre tous, comme on sait, Hans Arp et Yves Tanguy ont célébré tout au long de leur vie cet univers des naissances et des formes embryonnaires, influençant aussi bien Max Ernst ou Salvador Dali que Picasso ou Henry Moore, Miro ou Arsile Gorky..."
Il est également amusant de noter que pour certains critiques d'art, la référence à Tanguy soit de mise dès qu'apparaissent des objets biomorphiques, des formes globuleuses très fluides ou des paysages désolés ou désertiques.
De même Dali, lors de sa venue en France, en 1927, crée quelques toiles où l'influence de Tanguy est manifeste (Senicitas-1926, Chair de poule inaugurale-1928). Plus tard, ses compositions de la période flamboyante de sa "paranoïa-critique" fera la part belle aux paysages désertiques "à la Tanguy" mais avec un horizon qui restera très marqué.
En décembre 1935, à l'occasion de la première exposition de Tanguy aux USA, JT SOBY dira que DALI lui doit beaucoup dans "After Picasso".
Certaines sculptures d'Hans ARP semblent sortir d'un tableau de Tanguy (Métamorphose-1935, Torse-1938).
D'après le catalogue de l'exposition de 1982 au MNAM du centre Pompidou en page 191: en 1927 "première exposition de Hans Arp, Galerie Surréaliste et Styrsky et Toyen, Galerie Vavin sur lesquels l'influence de Tanguy sera sensible."
Pour José PIERRE, des sculpteurs tels que David HARE ou Isamu NOGUCHI ont subit l'influence de Tanguy .
José Pierre, encore, dit à propos de Desmond Morris dans sa préface du livre de Michel Rémy cité plus haut: "Il est clair que les affinités qui s'étaient déclarées dès 1947 avec l'oeuvre de Tanguy, que ce soit dans Entry to a Landscape ou dans Master of the Situation, vont faire retour et s'affirmer victorieusement à partir de 1969 avec The Teacher's Doubt, The Explorer has Arrived et The Ritual. On dirait même que Desmond Morris refait pour son propre compte l'itinéraire qui fut, de 1926 jusqu'à sa mort en 1955, celui d'Yves Tanguy."
Il compléte son analyse en ajoutant: "S'inspirer de l'exemple de Tanguy, cela veut donc dire non pas apprendre à faire des Tanguy, mais entrer dans la voie royale de la création surréaliste, de celle qui met en comunication le monde intérieur de l'artiste avec le monde extérieur, le microcosme avec le macrocosme."
José Pierre, toujours, pense que "... quatre peintres... Wolfgang Paalen, Matta, Gordon Onslow-Ford et Esteban Frances, découvrirent alors dans l'oeuvre de Tanguy, entre 1937 et 1940, le secret de l'automatisme surréaliste..." MATTA se réclamera ouvertement de lui dans la revue Minotaure n°11 en 1938.
Daniel WHEELER nous parle des oeuvres d'Isamu NOGUCHI d'après guerre : "Ces formes ressemblent également à des os , si bien que la sculpture apparaît comme un squelette fantastique emprunté à un des paysages de rêve de Tanguy" (p 99 in L'art du XXe siècle de 1945 à nos jours. Ed. Flammarion 1991 New York).
Arnaud Pierre note que certaines formes des créations de CALDER "rappellent celle des galets et des ossements blanchis qui peuplent les paysages visionnaires de Tanguy" dans le Hors série du magazine des Beaux Arts (édité lors l'exposition à Paris en 1996) consacré à l'artiste.
René MABIN nous révèle dans l'excellent livre édité aux Editions Palantines en 2001 que Matta qui a fourni des dessins pour la Galerie Gradiva fut "impressionné par la peinture de Tanguy, (et qu') il devient très vite surréaliste".
Pol Bury naît en 1922 à Haine-Saint-Pierre (Belgique). En 1938, il entre à l’académie des Beaux-Arts de Mons. Il y restera à peine une année. Il entreprend alors son premier grand voyage : un tour à bicyclette à travers la France. À son retour en Belgique, il rencontre les poètes Achille Chavée et André Lorent et rejoint leur Groupe recherches surréalistes Rupture. Une solide amitié le lie à Chavée. Il commence à peindre en 1939. Jusqu’en 1948, l’œuvre de Yves Tanguy et surtout celle de René Magritte exercent une grande influence sur sa peinture. Durant la guerre, il participe à la résistance belge et peint très peu.
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